Suspense & Camouflages - le livre

Ce livre est conçu comme un oeuvre collective.
C’est aussi une occasion de parler des vingt années de vies partagées dans les
quartiers populaires de Fontenay sous Bois, d’Hébron et de Santiago.
Vingt quatre mois de fouilles, sous forme d’auto-résidences (construire des lits
et des tables, dormir, lire, visionner, cuisiner, coller, découper, se battre) pour
faire remonter à la surface des piles (de papiers, de photos, de souvenirs, de
gestes), les traces des histoires, infrastructures de l’Histoire.
48 heures pour faire un livre : le faire vite pour que l’excitation de l’urgence,
tendus vers cette échéance intenable, nous oblige à être incisifs. Ne pas
refaire l’histoire, mais plutôt s’en saisir, et prendre avec soi, au passage, ce qui
aurait pu avoir lieu, ce qui peut encore avoir lieu si nos puissances de
fabulation (la nuit, les héros, les oncles, les mères, les masques) sont à l’oeuvre.
Et puis le faire en équipe élargie : pour confronter les distances, amis proches
ou amis d’amis, de longue date ou récents ; pour multiplier les points de vue,
celui de l’éditeur, celui du performeur, celui du footballeur, celui du
philosophe, celui du menuisier, celui du graphiste ; pour ne pas rater une
occasion de ressentir l’intensité de la meute ; pour ne pas circonscrire notre
histoire au territoire d’un pronom possessif.

Sortir de l’intime pour donner corps à une fabulation collective
Le risque était grand, dans ce cycle de création, de se laisser enfermer dans
des images trop personnelles et « psychologisantes ». Il fallait faire
éclater le mythe de l’artiste en prise avec son moi et ses visions artistiques
et sortir d’une narration à la première personne du singulier. C’est pourquoi,
dans ce travail de recherche et de création, je n’ai cessé d’aller chercher des
collaborations me permettant d’ouvrir d’autres voies et de me laisser bousculer
par d’autres mondes. Ce fut en particulier le cas avec le chorégraphe et
danseur Lorca Renoux, compagnon de route depuis l’enfance, mais aussi avec
l’intervention d’Olivier Crabbé, activiste politique et ébéniste, sur la
proposition de module d’auto-résidence.
Parallèlement au travail artistique de création en vue de l’exposition au Musée
Salvador Allende à Santiago du Chili (octobre 2014), un travail collaboratif a
donc été entamé autour des archives foisonnantes que j’avais à ma disposition.
Cette recherche a pris la forme d’une première
résidence de 48 h dans mon atelier où nous nous sommes réunis à 10.
Le premier groupe de travail était composé de:
Fabrizio Terranova, artiste-cinéaste et professeur à l’ERG-Bruxelles,
Olivier Marboeuf, commissaire d’exposition, Espace Khiasma, Sandra Iché,
danseuse-performeuse et metteuse en scène, Loraine Furter, graphiste et
artiste, Tamara Guillermain, relieuse d’art, Julie Michel, artiste plasticienne,
Lorca Renoux, danseur et chorégraphe, Olivier Crabbé, ébéniste, Isabel
Ribes, artiste plasticienne.

Le temps est passé, les équipes ont tourné. Felix Gastout nous a rejoint pour poursuivre le travail graphique du livre.
Nous voilà enfin prêts à révéler cette aventure de papier.




20 € (PU)


Extraits choisis :